La Forêt Française, espace sauvage ?

13/2/10

La forêt française, en métropole tout du moins, a été façonnée au fil des siècles par la main de l’homme. Elle témoigne de l’histoire de notre pays et s’est, de tout temps, vu assigner des missions, parfois difficilement compatibles entre elles. Connaître quelques principes sylvicoles permet ainsi de mieux comprendre cet espace.



La sylviculture, la culture de la sylve, c’est-à-dire de la forêt, est un art ancestral. Elle est conditionnée par les essences présentes, l’usage du bois dans la société, la morphologie du terrain, le climat et bien d’autres facteurs. Il faut comprendre que la forêt est un lieu qui connaît de forts conflits d’usage.

Il est admis qu’à l’époque gallo-romaine la forêt couvrait 80 % du territoire. Ensuite sa surface diminua au profit de l’agriculture pour atteindre au maximum de l’expansion des terres agricoles et de la population rurale 9 million d’hectares (vers le milieu du XIXe siècle). Depuis, elle est en progression constante. L’IFN estime en 2005 sa surface à 15,5 millions d’hectares.

Il faut ensuite connaître un peu la composition de la forêt française au niveau des essences. En terme de volume, les essences feuillues (angiospermes) représentent 63 %. Les essences résineuses (gymnospermes) 37 %. Il est important de comprendre aussi les modes de reproduction des arbres. Il existe deux possibilités, le semis et la multiplication végétative.

Dans un premier temps, l’usage principal du bois a été la production d’énergie pour un usage domestique (cuisine, chauffage) et industriel (verrerie, forges). Le traitement sylvicolbois de Côte Chaude- Pretin -39e adapté à ce genre d’usage utilise le principe de multiplication végétative. Ce mode de traitement est le taillis, c’est-à-dire une forêt constituées de rejets qui forment des cépées. Il va donner des arbres de faible circonférence, dont le renouvellement sera assuré par des coupes de rajeunissement effectuées à intervalles réguliers (une rotation) de dix à vingt ans selon les essences. Ce mode de traitement n’est pas possible avec les essences résineuses présentes en France, il ne concerne donc que la forêt feuillue.

La nécessité pour le royaume de disposer de bois d’oeuvre (pour construire notamment des bateaux de guerre) a conduit à un mode de traitement intermédiaire, le taillis sous futaie (ou taillis avec réserve). Une futaie est composée d’arbres de franc-pied, issus de graines. Pour passer à un régime de futaie à partir d’un taillis, on utilise la méthode du balivage. Pour cela on choisit sur une cépée un brin intéressant (droit et peu branchu) et on élimine les autres. A terme, ces baliveaux seront les semenciers qui permettront de régénérer la forêt. Un classique du TSF en France est la futaie de chêne avec sous-étage constitué d’un taillis de charme. Le taillis en sous-étage va permettre de gainer les arbres de franc-pied et obtenir ainsi un fût droit et vierge de noeuds (absence de branches basses). Le taillis fera l’objet de coupes régulières (pour produire du bois de feu), et les arbres de franc-pied seront récoltés lorsqu’ils seront "mûrs" (entre 100 et 200 ans selon les essences).

L’apparition de l’utilisation du charbon au XIXe siècle, combinée à l’exode rural, va profondément modifier le paysage forestier français. L’usage énergétique du bois cédait le pas à un usage de bois d’oeuvre et notamment de bois de mine (pour étayer les galeries minières). C’est au XIXe siécle que fut plantée la forêt des landes de Gascogne, qui est une futaie régulière de pins maritimes. Une futaie régulière est une forêt constituée d’arbres du même âge, issus de graines.

Dans les zones de montagne, il existe un mode de traitement traditionnel qui tend aujourd’hui à se développer sur l’ensemble du territoire, notamment grâce à l’action de Pro-Silva, la futaie irrégulière. Ce traitement était appliqué dans les zones de montagne, car il répondait bien aux contraintes de ces zones. Prenons ici l’exemple du Haut-Jura où l’on futaie jardinée, haut-jura, morbierpratique la futaie dite jardinée. Les essences principales sont le foyard (hêtre), la pesse (épicéa commun) et le sapin pectiné. On trouvera dans une futaie jardinée des arbres à tous les stades de développement. L’exploitation se fera sous forme de coupes de jardinage, qui consistent à prélever les arbres mûrs, en maintenant le couvert forestier et en créant des puits de lumière pour le développement des jeunes pousses. L’étagement, la multiplicité des essences, la conservation du couvert forestier permettent la protection du sol (protection contre l’érosion, maintien du sol), une meilleure résistance aux attaques sanitaires (bostryches) et climatiques (tempêtes par exemple).

 

 

La principale difficulté qui se pose au sylviculteur est la durée de vie de la forêt. Quels seront les usages du bois dans 100 ans, 200 ans ou 300 ans ? Les chênes de la

forêt de Tronçais, par exemple, devaient au départ fournir du bois de marine. Aujourd’hui où ils sont en âge d’être exploités, la construction navale n’utilise plus que marginalement le bois, et ils finissent en tonneaux de luxe.

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