La Futaie Régulière

13/2/10

 La futaie régulière est une forêt constituée d’arbres issus de graines et d’âge équivalent. Elle peut être pure ou mélangée, selon qu’elle soit composée d’une seule ou de plusieurs essences. Pour prendre quelques exemples, je citerais au rang des futaies régulières pures, la forêt des Landes (pin maritime), les forêts de douglas du Morvan, les hêtraies cathédrales de Normandie.

La futaie régulière a été le traitement sylvicole de référence depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et elle a été opposé au taillis sous futaie ou taillis avec réserve notamment par L. Lanier dans son Précis de Sylviculture, ouvrage de référence quoiqu’aujourd’hui un peu daté à mon avis. Il faut néanmoins comprendre que ce choix était cohérent à cette période. En effet, la toute-puissance du pétrole et des énergies fossiles dans la production énergétique ôtait toute valeur économique au taillis, alors que la reconstruction nécessitait de gros besoins en bois d’oeuvre. De plus, la volonté de reconquête des terres agricoles délaissées par l’exode rurale et l’énorme augmentation de la productivité agricole à l’ha (il y a après-guerre une véritable révolution agraire qui, si elle peut faire à juste titre débat aujourd’hui, répondait parfaitement aux objectifs de l’époque), conjuguée à la création du Fond forestier national vont encourager la plantation et notamment l’enrésinement (afin de produire du bois de charpente). 

 Abordons tout d’abord la plantation sur terre agricole qui va nous permettre de bien comprendre l’importance des moyens mis en oeuvre pour obtenir une belle futaie régulière et ainsi d’évoquer les différents métiers de la forêt. Il va falloir tout d’abord faire appel à la pédologie afin de déterminer quelles essences sont adaptées à la station. Il n’est pas possible, contrairement à ce qui se pratique en agriculture d’amender les sols. Ensuite, il sera souvent nécessaire de pratiquer un travail du sol, comme un décompactage afin de casser la semelle de labour qui va gêner l’enracinement des arbres. Suivra l’opération proprement dite de plantation. On plantera par exemple à 2 x 4 m, ce qui nous donnera une densité de 1 250 tiges à l’ha. N’oublions pas que le but est d’obtenir du bois d’oeuvre donc des fûts le plus élancés possible, qui s’obtiennent en jouant sur la concurrence entre les tiges. Une fois plantés, on protégera éventuellement les plants contre les attaques de la faune. Il faudra aussi limiter la concurrence d’autres végétaux (ronces, fougères, etc.) par des opérations de dégagement qui seront renouvelées à intervalles réguliers jusqu’à ce que les plants aient acquis une hauteur suffisante. Pourront alors commencer d’autres opérations comme l’élagage (résineux, peupliers) ou la taille de formation (feuillus). L’élagage (à ne pas confondre avec le haut-élagage qui fait appel à des techniques de grimpe) consiste à éliminer les branches basses afin d’obtenir un fût lisse sur une hauteur de 5 à 8 m. La taille de formation vise à défourcher, c’est-à-dire éliminer les branches qui sont amenées à créer une fourche. Ce sont des opérations manuelles, donc coûteuses, elles ne seront donc pas appliquées à l’ensemble des plants mais à des tiges désignées comme tiges d’avenir en raison de leur bonne conformation (entre 125 et 250 tiges à l’ha, ce qui correspond à la densité finale). Ces opérations ne sont pas toujours pratiquées, car pas toujours rentables.

Lorsque les arbres atteignent une hauteur donnée (environ 20 m), on quitte le phase des travaux pour entrer dans la phase des coupes. Nos arbres se sont développés en hauteur pour rechercher la lumière, il faut maintenant leur permettre de se développer en diamètre. Pour cela, on procédera à des éclaircies ayant pour but de faire progressivement diminuer la densité. Pour finir par la coupe définitive ou coupe rase.

Quant la futaie régulière est déjà existante, plutôt que de planter on peut procéder à une régénération naturelle. Les techniques seront adaptées à l’essence qu’on souhaite régénérer. Pour le chêne dont les graines (glands) sont lourdes, on effectuera d’abord une coupe d’ensemencement. On choisit parmi le peuplement des semenciers (en fonction de la qualité de leur conformation) et on coupe tous les autres arbres. Les glandées n’étant pas exceptionnelles tous les ans on attendra une bonne glandée pour procéder à la coupe secondaire qui vise à mettre les semis en lumière (les semis de chênes contrairement à ceux du hêtres ne supporte pas l’ombre). Quand la régénération est acquise (on trouve au moins 1 semis au m2, soit 10 000 à l’ha), on peut effectuer la coupe définitive. Les travaux sylvicoles qui s’ensuivront seront la création de cloisonnements sylvicoles qui ont pour but de diminuer la densité et de pouvoir circuler afin d’effectuer les travaux. On crée des bandes au girobroyeur tous les n mètres. Les dégagements pour limiter le développement de la végétation adventice. Puis viendra le dépressage qui vise à faire diminuer la densité. Les travaux d’élagage et de taille de formation sont ici inutiles en raison de la forte concurrence qu’entraîne la forte densité initiale. Ensuite on entre dans les phases de coupe qui sont les mêmes que décrites plus haut (cf. la plantation).

 La futaie régulière, notamment résineuse, facilite la mécanisation et c’est pourquoi elle est souvent choisie notamment pour les essences à faible valeur ajoutée (pin maritime, par exemple). C’est aussi une sylviculture simple. Elle est bien adaptée aux essences de lumière ou de demi-ombre comme le chêne. Elle présente pourtant des inconvénients, comme la mise à nu des sols, des travaux coûteux dans les premières années, travaux qui ne sont pas toujours amortis par l’exploitation des bois. Les futaies pures sont plus sensibles aux attaques sanitaires (bostryche, par exemple). Les futaies régulières ont aussi payé un lourd tribut à la tempête de 1999 et comme on s’attend à une plus grande fréquence de tempêtes de ce type dans les années à venir, on s’oriente vers d’autres modes de traitement.

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